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Les plaques de cheminées armoriées
de Franche-Comté A la croisée de la sculpture sur bois et des arts du feu se trouve un objet qui, malgré ses décors parfois très étudiés, passe souvent inaperçu dans la maison.
Il est pourtant chargé d’une symbolique forte et d’une fonction sociale et domestique. L’âtre, cœur du foyer, est matérialisé par la plaque de cheminée qui renvoie et conserve la chaleur du feu.
Avant le XVe siècle, la protection du fond de la cheminée se faisait au moyen de briques réfractaires ou d’ardoises. Le parement de la cheminée est ensuite construit en céramique, en fonte, en cuivre et parfois en bronze.
La plus ancienne plaque conservée se trouve à Nancy, au Musée Lorrain, aux armes du roi René d’Anjou (1431-1453) . En Franche-Comté, la première mention d’une plaque de « fer de fondue » est cité en 1469 dans les comptes de la châtellenie de Fresne-Saint-Mamès pour un four banal .
Les plaques, avant d’être l’objet de fonte que nous connaissons, sont d’abord sculptées dans le bois. Les éléments de décoration qui peuvent être réutilisés, tels que les dates et colonnes, sont sculptés à part. Un lit de sable humide est ensuite préparé, sur lequel seront pressés les éléments de bois qui s’imprimeront en creux, formant une sorte de négatif de la plaque. La fonte de fer, coulée sur ce moule de sable épouse les formes de la décoration et en refroidissant retrouve le positif de l’objet de bois. La fonte de fer est obtenue dans un haut-fourneau sous la direction d’un maître de forges .
L’usage de la plaque de cheminée a été conservé jusqu’à l’apparition de nouveaux moyens de chauffage comme les poêles en faïence ou en fonte, puis le chauffage central. Le plaisir d’une flambée existe toujours au XXIe siècle, mais si de nouvelles cheminées sont créées, elles le sont bien souvent dans un style résolument moderne où la plaque décorée ne trouve plus vraiment sa place.
En 1976, le Musée Comtois a lancé, au travers de la revue Barbizier et de l’association Folklore Comtois, une campagne de recensement des plaques de cheminée en Franche-Comté. Un questionnaire a été proposé aux lecteurs de la revue et dans les classes de collège sous l’égide de l’Education Nationale.
Un ensemble de plus de 1700 plaques a été constitué, conservé au Musée Comtois, et celui-ci n’a, jusqu’à présent, pas été exploité. Le Musée possède, en effet, 200 plaques dont une partie est exposée à la Citadelle de Besançon et le fichier comporte environ 1540 plaques .
Peu d’écrits ont été produits au sujet des plaques de cheminées en général. Seul l’ouvrage de Henri Carpentier,
Plaques de cheminées, couvre la France et présente les motifs que l’on peut trouver sur les plaques de cheminées. Un second tome était prévu mais n’a pas été édité. Les autres sources sont, pour la plupart, des monographies ou des articles, tirés des bulletins des sociétés d’émulation, sur des plaques de cheminée régionales.
Une plaque de cheminée fait partie d’un ensemble constitué du foyer, de la cheminée et de son manteau, puis plus largement de la pièce et l’habitation où elle se trouve. Nous avons cependant choisi de ne limiter cette étude qu’aux plaques elles-mêmes ; il est certain qu’une étude plus globale est tout autant intéressante, mais elle demande beaucoup plus de temps que celui imparti à ce
travail. Table des matières et Index
des noms de lieux et de personnes cités dans cet ouvrage.
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