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A la fin du
XVIe siècle, les hôpitaux, hérités du Moyen Age ne remplissent plus les fonctions auxquelles ils étaient destinés. La Réforme catholique apporte le souffle nécessaire à une refonte du système hospitalier que ce soit en France ou en Franche-Comté. De nombreux ordres nouveaux apparaissent dans le même temps et les congrégations hospitalières se multiplient dans chaque région.
Dole suit ce mouvement en construisant un hôpital neuf qui réunit les anciennes institutions de la ville puis des environs. Les exemples de qualité de soin des congrégations hospitalières, et en particulier ceux de la proche ville de Beaune, incitent les membres du conseil de l'hôpital à faire une demande pour l'installation d'une communauté équivalente. Parties de Beaune pour Dole, les sœurs de Sainte-Marthe montrent leur efficacité au chevet des malades de l'hôtel-Dieu. Elles font face à l'afflux considérable de blessés durant les guerres de 1668 et 1674 au moment de l'annexion de la Franche-Comté par la France. Ce dévouement est remarqué dans toute la province et les hôpitaux demandent alors la création de communautés pour leurs malades. Le caractère affirmé des sœurs forgé à la dure vie hospitalière se révèle lorsque l'archevêque de Besançon veut leur imposer une nouvelle règle : les sœurs lui tiennent tête jusqu'à ce que le roi leur donne raison.
La communauté prend son caractère dolois une trentaine d'années après son installation, mais la première maîtresse doloise est élue en 1729 seulement. Les Doloises viennent pour certaines de familles de parlementaires et pour la plupart de familles aisées et des liens de cousinage se remarquent. Leur existence et leur action se justifient par un vivier de vocations, tournées vers autrui.
L'évolution de cette communauté hospitalière est à rapprocher des nombreuses autres qui apparaissent au
XVIIe siècle. L'essor des communautés religieuses en général, bénéficie, en Franche-Comté de « conditions matérielles propices ».
Le caractère original de leur règle les place au contact du monde et l'absence de clôture leur donne un statut particulier au regard des autres communautés de femmes de cette époque. C'est d'ailleurs grâce au fait qu'elles ne sont pas religieuses (à l'instar des filles de la Charité de Vincent de Paul) que la clôture ne leur est pas imposée, ce qui leur permet de s'épanouir et de s'étendre.
Les vœux simples et l'absence de clôture sont parfaitement adaptés à la vie hospitalière. Une étude des formes de prise de vœux pour les communautés en rapport avec le monde laïc reste à faire. Elle apporterait un point de vue intéressant sur la condition religieuse et ses rapports à la vie laïque.
Le devenir des sœurs sorties de la communauté n'a pas été abordé car les recherches pour des femmes originaires de toute la province entendent un travail généalogique beaucoup plus vaste que la seule étude de la société doloise.
En 2000, l'hôtel-Dieu, classé monument historique et joyau du secteur sauvegardé de Dole,
a ouvert à nouveau ses portes pour devenir médiathèque. Les bâtiments ont été réhabilités pour être fonctionnels, mais aussi avec le souci de préserver une oeuvre architecturale empreinte d'un passé marquant. La pharmacie sera reconstituée pour témoigner des longues années de l'hôpital passées au service des malades. Après les soins du corps et de l'âme, l'épanouissement de l'esprit… Les sœurs de Sainte-Marthe à l'heure actuelle vingt-trois à Beaune, mais seules neuf d'entre elles sont encore actives. Elles prononcent des vœux solennels depuis 1939, date à laquelle la règle du chancelier Rolin, écrite en 1449, a été revue. Jusqu'à la veille de la deuxième Guerre Mondiale, les hospitalières de Sainte-Marthe ont eu la possibilité de se retirer de leur communauté comme le leur permettait la Règle. La branche qui a suivi le règlement de l'archevêque dans le diocèse de Besançon compte aujourd'hui quatre-vingt-quatorze religieuses et tient des maisons de retraite, offre des repas et loue des logements sociaux aux personnes dans le besoin.
Ces deux congrégations souffrent du déclin des vocations, celle de Besançon songe à s'affilier aux sœurs de la Charité. La solidarité est, après la Renaissance et les La solidarité est, après la Renaissance et les
XVIIe et XVIIe siècles, une préoccupation de la seconde moitié du
XXe siècle.
Ce travail, outre sa valeur de mémoire d'une institution au service des malades vu au travers d'une communauté de sœurs hospitalières, s'inscrit dans la préparation d'un colloque sur l'Homme souffrant au cours des siècles . Ce sujet est toujours d'actualité et l'on peut penser que ces femmes qui au
XVIIIe siècle se sont consacrées aux soins du corps et de l'âme de leurs prochains trouveraient en notre fin de millénaire un cadre identique où épanouir leur vocation.
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